À l’évidence, qu’ils s’adressent au personnel médical ou aux usagers, les conseils touchant les médicaments ne sont pas de simples suggestions: ce sont à tout le moins de très fortes recommandations, voire des instructions à suivre. La question est donc de savoir si should et le conditionnel devrait expriment bien cette valeur. Il me semble que la réponse est oui dans le cas de should, alors que le conditionnel français dilue beaucoup trop l’idée d’obligation que ces conseils renferment.
Lorsqu’il est demandé à un patient d’être à jeun avant une prise de sang ou un examen quelconque, comme une échographie, presque toujours quand l’anglais emploie should, le français choisit l’indicatif présent:
You should not eat for four hours before the scan.
Vous ne devez rien manger dans les quatre heures précédant l’examen.
Si vous avouez que vous n’êtes pas à jeun, l’examen sera annulé. Les rédacteurs anglophones sentent should comme suffisamment contraignant dans ce genre de contexte, tandis que du côté français rédacteurs et traducteurs évitent le conditionnel, sans doute parce qu’il donnerait l’impression erronée que le patient a une marge de manœuvre.
C’est cette idée que should garde intacte. La formulation peut varier, le message est le même: voici ce qu’il faut faire. Le conditionnel devrait sera toujours risqué, parce qu’en atténuant cette valeur d’obligation, il sous-entend: faites comme vous voulez. Voilà sans doute la raison principale pour laquelle de nombreux traducteurs ne traduisent pas should par le conditionnel.